Dragon

 

Abigaïl, adolescente de 13 ans, entre dans sa chambre et se couche avec sa peluche représentant un dragon mauve. Soudain, les yeux du dragon s’illuminent et Abigaïl se sent happée par son lit…

La chute lui sembla interminable, comme dans un gigantesque toboggan qui descendait sans fin en tournant et retournant. Son cœur se soulevait et elle préféra fermer les yeux. Abigaïl n’avait jamais aimé les manèges ! Elle atterrit brutalement sur un sol mou et frais. Elle s’attendait à une chute brutale et se fut une chute douce comme dans un matelas de plumes. Elle ouvrit les yeux.

Elle devait rêver. Forcément. Ce qu’elle voyait était magnifique, comme dans un rêve. Il y avait là de grands espaces d’un vert éclatant et à l’horizon se dessinaient des montagnes et même d’anciens volcans.

Elle se sentait si apaisée, si calme mais ce fut de courte durée. Devant ses yeux, une immense bestiole, terrifiante. Abigaïl hurla mais ses jambes refusèrent de courir. Elle était tétanisée.

« N’ai pas peur Abigaïl ! C’est moi Droxx ta peluche ! »
« Que se passe-t-il ? Où suis-je ? »
« Tu es ici car je t’ai appelé, je t’ai emmené dans mon pays. Mais c’est aussi ton pays Abigaïl. »
« Comment ça ? »
« Tu es notre reine Abigaïl et il était temps que tu l’apprennes. Dans ce monde tu es la reine des dragons. Tu es aussi notre amie, notre sœur et chaque fois que nous aurons besoin de toi  ou quand tu auras besoin de nous tu viendras car  notre monde est le tien »
« Nous ? Vous êtes nombreux ?
« Eh oui, regarde autour de toi.» Des dragons partout devant elle, plus beaux les uns que les autres. Et elle n’avait pas peur, c’était comme ci elle appartenait vraiment à cet endroit.
« Tu dois te hâter, lui dis Droxx tu dois être couronnée aujourd’hui sinon tu risques de perdre tes pouvoirs.
Voilà une carte, lis-la avec attention et reviens nous petite Ebby Guël *(Abigaïl en langue des dragons). Nous comptons sur toi mais fais attention, mille dangers t’attendent. »

Suivre une carte pensa-t-elle, ce n’était pas gagné elle n’avait pas un bon sens de l’orientation.
Elle ne perdit pas de temps et se mit en route. Le ciel était d’un bleu turquoise empli de doux nuages roses. Un paysage de rêve. Elle devait traverser de vastes clairières et passer un pont. Après avoir bien marché, elle n’aurait su dire combien de temps, c’était comme si le temps n’avait aucune réalité dans ce monde.
Bien on y est se dit-elle. Le pont était devant elle. Un vieux pont suspendu par des cordes. A peine eut-elle posé le pied sur la première planche que celle-ci céda.

Abigaïl cria. Quelle peur, son cœur battait la chamade. Elle devait maintenant enjamber cet espace vide. Elle s’aida en se tenant aux cordes, elle les serrait si fort que ses mains s’égratignèrent. Abigaïl ne s’en aperçut même pas. Elle n’osait pas regarder en bas, elle avait toujours eu le vertige. Le reste de la traversée se déroula sans incident. Abigaïl ne put cependant résister et à la fin du parcours elle regarda en bas, elle n’y voyait rien ! Arrivée sur l’herbe tendre, elle jeta une pierre et n’entendit rien. La pierre semblait tomber à l’infini, aucun fond ne semblait exister. Quelle horreur.

Abigaïl relut la carte. « Bon, je devrais maintenant apercevoir de grands sapins et ensuite arriver dans une forêt ». En effet, devant elle d’immenses sapins majestueux. Elle continua sa route.
Chemin faisant, elle pensait « Moi, reine des dragons. » Elle se sentait emplie d’une grande fierté. Il fallait trouver la couronne, elle voulait trouver la couronne.

« Qu’est que c’est ? » pensa-t-elle et elle eut peur. Devant elle, un immense labyrinthe fait de haies de 5m de haut.
Elle se ressaisit et entra. Elle commença à marcher. Tout à coup, alors qu’elle avait pris appui sur une haie pour se reposer un peu, des lianes l’entourèrent. Elle était prisonnière ! Les lianes se multipliaient et elle sentit même une liane autour de son cou. Elle se débattit comme une furie et réussit à se libérer. Elle se mit à courir. Elle trébucha, se releva. Juste à temps ! Un souffle lui avait frôlé la tête et elle vit une flèche accrochée au mur végétal. Un peu plus, elle était touchée. Vite, elle se remit en marche. Plus loin, elle apercevait une grotte.

C’était un ensemble de grands rochers empilés les uns sur les autres, les uns contre les autres. Mais elle avait beau faire le tour, nulle entrée ! Elle était épuisée, elle s’affala sur un rocher. Tout à coup, celui-ci bascula laissant apparaître une entrée. Abigaïl regarda sa carte, plus aucun dessin ! Sa carte était vide. Juste une inscription en écriture ancienne.

« Seule l’unique reine des dragons saura choisir sa couronne.
Choisis bien, sinon tu ne sortiras pas d’ici vivante ! »

Droxx lui avait dit qu’elle était la reine des dragons, elle devait lui faire confiance. Elle sentait bien que ce pays était le sien. Tout était si beau, si pur malgré les dangers.
Abigaïl entra dans la grotte. Tout était sombre et humide, froid aussi. La petite fille tremblait.
Au fond de la grotte, des dizaines de couronnes toutes aussi magnifiques les unes que les autres. Elle en prit une dans ses mains. Elle brillait de pierres précieuses. Quelle splendeur ! Pourtant… Non. La reine des dragons n’avait qu’une seule couronne. Une couronne qui la représentait, qui la représentait : elle Abigaïl, une fille simple et il lui fallait donc une couronne à son image.
Là bas dans le coin, il y en avait une. Posée à même le sol. Elle lui plaisait. Sans artifice, sans couleur, toute simple. Mais gardée par une énorme araignée. Quelle horreur ! L’araignée s’approcha d’Abigaïl. La petite fille  se détourna et plongea la main vers la couronne. S’en saisit et s’enfuit.

Quand elle sortit de la grotte, quelle surprise, tous les dragons étaient là et Droxx en plein milieu. Elle l’aurait reconnu entre mille. Ses immenses écailles portaient encore la couleur mauve de Droxx la peluche ! Ses yeux énormes étaient doux et il lui dit :
« Tu as réussi Ebby Guël. Nous sommes fiers de notre Rixake Lik Drakinx* (Reine des dragons. )»
Tous les dragons se regroupèrent en ronde autour d’elle et Droxx lui posa la couronne sur la tête.

Quel sentiment merveilleux ! Elle s’étira.
Que se passe-t-il ? Où suis-je ? Oh non! s’exclama-t-elle. Elle était dans son lit, dans sa chambre serrant Droxx dans ses bras.
Tout cela n’était donc qu’un merveilleux rêve !
Aïe ! Son bras lui faisait mal, ou plutôt son poignet. Elle alluma sa lampe de chevet. Qu’est-ce que cela ?
A l’intérieur de son poignet, un dessin noir. Un dessin de dragon. Il lui sembla entendre la voix de Droxx, « Quand tu auras envie ou besoin de nous voir, frotte ton tatouage. Quand celui-ci te brûlera légèrement, tu sauras que nous avons besoin de toi, petite Ebby Guël ».

C’était merveilleux. Abigaïl se rendormit heureuse.