L’oeuf magique
Lors d’une promenade en forêt, Mathilde a trouvé un oeuf magnifique, comme elle n’en a jamais vu : gros, lisse et brillant de mille reflets jaunes et orangés. Ne sachant quel oiseau a pu pondre un oeuf pareil, elle l’a ramené chez elle et posé sur son bureau.
Mais pendant la nuit, elle s’est réveillée par une étrange lueur. Stupéfaite, elle s’aperçoit que son oeuf est enveloppé de flammes bleues. Des flammes froides qui ne brûlent pas ! Hypnotisée, elle s’approche de l’oeuf qui se fendille. Et quand le haut de la coquille se détache soudain, elle ne peut réprimer un cri de surprise quand elle voit sortir une boule de feu !
Mathide poussa un cri d’effroi et se recula vivement. Elle resta tétanisée quelques secondes, fixant ces flammes sortir de l’oeuf. Les hautes flammes s’atténuèrent et Mathilde osa enfin en approcher sa main. Sa main les effleurait mais elle ne ressentit aucune brûlure, à peine une douce sensation de chaleur. « C’est vraiment étrange, je n’ai jamais entendu parler d’une chose pareille ».
Et c’est alors qu’au coeur des flammes elle rencontra deux yeux qui la fixèrent. Un oisillon !
C’est une série de cris perçants et suraigus qui sortirent Mathilde de sa stupeur.
« Tais-toi, tais -toi, tu vas réveiller toute la maison ! « s’écria Mathilde.
La jeune fille sentit la panique monter en elle, que faire ? Il a certainement faim, je vais aller lui chercher quelque chose à la cuisine. Mais avant cela, Mathilde alluma le poste de radio pour couvrir les cris de l’oisillon. Mathilde se rendit à la cuisine discrètement et remonta quelques tartines de pain à la main qu’elle émietta . Elle roula les petits morceaux de mie entre ses doigts et les tendit vers le bec de l’oisillon, qui les saisit goulûment non sans lui pincer les doigts. Au moins, cela le rend silencieux ! pensa Mathilde.
C’est alors que Mathilde entendit du bruit venant de la chambre de ses parents. « Ils sont en train de se réveiller » ! «Comment réagiraient-ils en voyant que leur fille avait soustrait un oeuf à son milieu naturel dans une zone protégée ! « Vite, il faut le cacher, pensa Mathilde, je réfléchirai plus tard ». Elle ouvrit alors son armoire, son regard tomba sur une boîte à chaussures. « Ca fera l’affaire ». Elle vida la boîte de son contenu, plaça un tee-shirt devenu trop étroit pour couvrir le fond et y installa l’oisillon. Vite, il était temps de se préparer pour l’école. « Allez je reviens au plus vite, sois sage »dit Mathilde. L’oisillon la regarda et bizarrement sembla la comprendre. Dans ses yeux, brilla un éclat doré.
Durant les jours qui suivirent, Mathilde ne cessa de s’inquiéter. Dès que la sonnerie marquant la fin des cours se faisait entendre, Mathilde se dépêchait de rentrer pour nourrir son oisillon et priait qu’il ne s’était pas fait remarquer durant son absence. « Qu’est-ce que tu as grandi ! S’exclama Mathilde ». Son oisillon n’en était plus un, ses ailes grandissaient de jour en jour. Mais ce n’était pas leur belle taille qui impressionnait la jeune fille, c’était leur magnifique couleur. Mathilde ne trouvait pas de mots pour décrire leur flamboyante couleur. Un mélange de rouge-orangé. Mais ce qui était très étrange, c’était les lueurs scintillantes qui s’en échappait quand l’oiseau remuait. Et cet éclat doré dans les yeux de l’oiseau. Quand Mathilde le fixait, elle se sentait partir loin, loin, loin. Dans un paysage plein de lumière, et de douce chaleur. Il fallait alors un bruit extérieur pour la sortir de cette torpeur.
L’oiseau ne poussait plus ces cris stridents qui blessaient les tympans, il chantait ! Et quel chant ! Un ravissement pour les oreilles. Tandis qu’il chantait, son plumage se mettait à scintiller. C’était à la fois si beau et si étrange. Pourtant, tout cela ne pouvait durer. Mathilde le savait.
Il fallait qu’elle rapporte cet oiseau dans son milieu naturel, là où elle l’avait trouvé.
Mais quelle sorte d’oiseau était-ce ? La jeune fille avait eu beau chercher des heures sur Internet, aucun résultat. Cet après-midi là, Mathilde se rendit à la bibliothèque et chercha dans le rayon des animaux et des oiseaux, rien ! Soudain, elle eut une idée. Son oiseau n’était pas comme les autres, était-ce une espèce inconnue ou… Mathilde hésitait à se l’avouer. Cet oiseau avait en lui quelque chose de mystérieux et d’étrange. Mathilde eut alors une idée. Dans le rayon fantastique, elle dénicha le livre « Bestiaire des animaux fantastiques » et c’est en le feuilletant que Mathilde resta bouche bée. Là devant elle, sur la page glacée du livre, son oiseau ! Et dessous, un titre « Le phénix, oiseau mythique et légendaire ».
« Ça alors ! » s’écria Mathilde, c’était un phénix qui était en ce moment même dans sa chambre.
Pendant ce temps, Tom le garde-forestier était inquiet. L’oeuf qu’il avait repéré quelques jours auparavant avait disparu. Il connaissait ces bois comme sa poche à force de les arpenter et aucun doute, quelqu’un avait emporté l’oeuf. Il était temps de mener sa petite enquête, c’était grave de voler des animaux. Il y avait bien cette gamine qu’il avait déjà aperçu à maintes reprises dans les bois. Qui était-ce déjà ? Oui c’était une fille du quartier des Bois blancs. Il décida de s’y rendre.
« Le garde-forestier ! Catastrophe ! Il va tout découvrir se dit Mathilde quand elle aperçut Tom devant son entrée. Mathilde sentait la peur monter, ses mains tremblaient et une sueur froide coulait le long de son dos. Elle regarda son phénix, les yeux de l’oiseau se posèrent sur elle et Mathilde sentit sa peur s’éloigner.
C’est alors que l’oiseau se mit à chanter, une douce et entêtante emplit la pièce. Stupéfaite, Mathilde vit son oiseau brillant d’une couleur rouge et or. Alors un phénomène extraordinaire se produisit. Le phénix grandissait ! Il plia son aile vers le sol et sans comprendre comment Mathilde se retrouva sur son dos. Au moment où la porte de la chambre de Mathilde s’ouvrit, l’oiseau passa par la fenêtre et s’envola. Mathilde se croyait dans un rêve, elle eut peur et n’osait ouvrir les yeux. Elle avait mal au coeur comme sur les manèges à le foire et peur de basculer dans le vide. Elle s’agrippait aux plumes douces et lisses de son phénix. « Où allons-nous ? », Mathilde ouvrit les yeux et voyant la forêt dessous, elle comprit. Elle réussit à oublier ses nausées et savoura le vent qui s’engouffrait dans ses cheveux.
Le phénix se posa avec une douceur infinie au pied de l’arbre qui l’avait abrité depuis sa naissance.
Cependant, Mathilde descendit trop précipitamment et chuta sur une racine. Du sang coulait de son genou et Mathilde se mit à pleurer. C’est alors que l’oiseau s’approcha et regarda Mathilde. Une larme perla au coin de son oeil et tomba sur la genou blessé de Mathilde. La petite fille ressentit une douce chaleur et c’est alors qu’elle vit sa blessure se refermer et le sang disparaître !
« Merci mon bel oiseau ! Tu es si beau, j’ai été si contente de partager ces moments avec toi . » Mathilde sentait que c’était le moment de se dire adieu. L’oiseau se mit à chanter et c’est alors qu’il se produisit un phénomène incroyable. A mesure que le chant de l’oiseau s’amplifiait, la lumière devenait de plus en plus brillante. Tout resplendissait. Mathilde leva alors les yeux et fut stupéfaite. Le soleil s’entrouvrait.
Mathilde se réveilla dans son lit. « Qu’est-ce que je fais là ? J’ai rêvé ? Tout cela n’était qu’un rêve ! » Elle en fut terriblement déçue. Elle se redressa au bord des larmes. C’est alors qu’elle vit au creux de sa main une plume. Alors elle sut ! Mathilde sut qu’elle n’avait pas rêvé et qu’un jour elle reverrait son phénix. Elle entendrait son doux chant et elle se rendrait au coeur de la forêt près de l’arbre alors son oiseau viendrait et l’emporterait pour des aventures fantastiques.
Elle ferait attention à Tom ! Avant cela, il allait falloir inventer une histoire pour expliquer sa disparition soudaine alors que tout le monde la croyait dans sa chambre.
Mais ça c’était une autre histoire !